Voici une explication sur le statut des Oblats:
LES
OBLATS SECULIERS DANS LA FAMILLE DE SAINT BENOIT
Dom
Jean Guilmard
I - Notions générales
L'oblat
bénédictin est un chrétien qui, poussé par le désir de mener une vie plus
parfaitement conforme à l'idéal de l'Evangile, s'attache à une famille
monastique de son choix par un lien d'ordre spirituel, afin de pouvoir
davantage, grâce à cette affiliation, participer aux prières et aux mérites
de cette communauté, en puisant pour lui-même dans cette communion vitale un
surcroît de ferveur et de générosité au service de Dieu.
Par
analogie, l'oblature se compare à un Tiers-ordre, mais simple analogie car
l'Oblat se rattache directement et individuellement non pas à un Ordre ou à un
Tiers-ordre, mais à un monastère particulier, par un lien strictement
personnel.
Le
but de l'Oblat est de se conformer dans l'esprit à la règle de Saint Benoît,
en pratiquant autant que sa situation dans le monde le permet les vertus
monastiques, et en s'unissant à la
solennelle prière liturgique que son monastère ne cesse de faire monter vers
Dieu.
Faire
Profession d'Oblat est un engagement d'une importance considérable où Dieu
lui-même est pris à témoin. C'est s'engager auprès d'une communauté à une
communion vitale réciproque, et à une véritable conversion intérieure.
II - La perfection chrétienne
L'Oblat
est tout d'abord un fidèle qui, vivant dans le monde, est animé du désir
d'approfondir sa vie chrétienne et de tendre sérieusement à la perfection
(Statuts des Oblats).
III - Oblature et Tiers-ordre
Lorsque
St François ou St Dominique ont fondé leur ordre, ils l'ont organisé, c'est
bien un ordre qu'ils ont voulu établir. La vie monastique est différente :
quelques hommes se regroupent autour d'un maître qui a cherché à vivre dans
la solitude pour vaquer à Dieu seul. Ils deviennent des témoins de l'Absolu de
Dieu. Chaque monastère devient ainsi une famille. On ne devient pas moine bénédictin,
ont est moine d'un monastère, qui constitue la véritable famille surnaturelle
du moine.
La
différence entre les Tiers-ordres et l'oblature est de même nature, du moins
telle que l'a conçue Dom Guéranger.
Dans
l'organisation familiale du monastère, tous ont une place, y compris les
Oblats.
IV - Oblats et Amis des monastères
Les
monastères ont autour d'eux des amis, lien d'amitié qui concrétise des
similitudes de vues, des sympathies, tout en pouvant favoriser des actions
communes. Ces amis sont parfois réunis, peuvent avoir des liens par des
publications etc...
Cette
amitié est un amour de bienveillance. Mais l'ami du monastère n'en fait pas
partie, ne lui est pas agrégé. L'Oblat, lui, fait partie de la communauté
monastique réellement, selon l'acte d'oblation qui comporte un engagement réciproque
de l'Oblat et de la communauté, d'où des liens d'une autre nature que les
liens, si forts soient-ils, de l'amitié.
L'Oblat
se donne, et l'oblation qu'il fait de lui-même est une promesse de tendre à la
perfection de la vie chrétienne selon la règle de St benoît, en union avec la
famille monastique à laquelle il s'agrège.
V - Un engagement sérieux
Il
ne s'agit pas d'un voeu qui est une promesse directement faite à Dieu; mais
d'un engagement sérieux, une promesse faite à une communauté.
Le
moine promet stabilité, conversion des moeurs et obéissance, l'Oblat promet
seulement la conversion des moeurs, ce qui n'est pas peu de chose... : orienter
totalement sa vie pour Dieu.
L'Abbé
accepte l'oblation au nom d'une communauté, au nom de l'Eglise, et au nom de
Dieu, mais iln'établit l'Oblat dans l'état religieux et monastique, comme il
le fait pour le moine.
VI - Comment on devient Oblat
Après
réflexions et prises de conseil, le candidat à l'Oblature présente sa demande
au père directeur des Oblats, qui va s'attacher à éclaircir les questions
soulevées, faire connaissance avec les candidats, vérifier la concordance des
dispositions du candidat avec l'oblature pour prendre la démarche en considération.Suit
alors un postulat de quelques mois. Puis le postulant est admis à un noviciat,
et reçoit, au cours d'une cérémonie, le scapulaire qui constitue le signe de
son entrée dans la famille monastique.
Ce
scapulaire, de forme réduite, sera, si possible porté de façon discrète.
Après
un an au minimum, le novice est admis à faire profession au cours d'une cérémonie
qui peut rester discrète, dans l'Eglise du monastère, et qui comporte les mêmes
éléments essentiels que celle de la profession monastique : interrogatoire du
novice, déclaration publique de sa part de se donner en tant qu'Oblat, lecture
de la Charte de Profession et signature sur l'autel, récitation du "Suscipe
me...", prière de bénédiction, et déclaration de l'admission dans
la vie monastique.
VII - Les "devoirs" de l'Oblat
1/
La prière liturgique
Le
culte le plus parfait que l'on peut rendre à Dieu est le sacrifice de son Fils.
L'Oblat cherchera à assister à la sainte messe autant qu'il le pourra, si
possible quotidiennement.
Il
tentera de dire l'office divin, en aménageant cette récitation en fonction de
sa présence au monde.
Prière
du chapelet.
Les
Oblats seront heureux et fiers de se sentir solidaires de leurs frères, les
moines, dans l'accomplissement de leur devoir de Louange Divine qu'ils reçoivent
de l'Eglise.
2/
Prière privée et oraison
Complément
de la prière liturgique, elle occupe une large place dans la vie du moine et
donc de l'Oblat. Il cherchera à se ménager certain moment de sa journée pour
s'entretenir plus intimement avec Dieu.
3/
La lecture
St
Benoît parle de "Lectio divina", c'est à dire de nourriture de Foi.
4/
Conseils évangéliques
Pour
l'Oblat séculier, la pratique des conseils évangéliques (pauvreté, chasteté
et obéissance) sera plus une question de disposition intérieure que de
pratiques extérieures.
5/
Vertus fondamentales de la spiritualité bénédictine
La charité fraternelle : aimer son prochain comme soi-même, pour
l'amour de Dieu
L'humilité : attitude fondamentale de la créature pécheresse et
rachetée en face de son Créateur. Autrement dit, vivre perpétuellement en
esprit de Foi.
Le silence : favoriser le silence intérieur pour entendre la
voix de Dieu, et dans le recueillement, retrouver le coeur à coeur avec Dieu.